Chapitre 3 : Les grandes cryptomonnaies et leurs cas d’utilisation

Bitcoin, Ethereum, Monero… Chaque cryptomonnaie a son rôle : réserve de valeur, innovation ou confidentialité. Découvrez laquelle correspond à vos besoins et à votre vision de la finance.

Lorsqu’on s’aventure dans l’univers des cryptomonnaies, on se rend vite compte qu’il n’existe pas qu’une seule et unique option, mais bien une multitude de projets aux caractéristiques diverses. Certains sont conçus pour fonctionner comme de simples moyens de paiement, d’autres poussent plus loin en proposant des applications décentralisées et des contrats intelligents, tandis que d’autres encore se spécialisent dans la préservation de la vie privée. Dans ce chapitre, je vous propose de découvrir les cryptomonnaies les plus emblématiques et de comprendre en quoi elles se distinguent, tant sur le plan technique que dans leurs usages au quotidien. Nous verrons notamment comment Bitcoin s’est imposé en tant que pionnier de la monnaie numérique, pourquoi Ethereum est devenu un pilier de l’innovation et quelle place Monero et ZCash occupent dans la sphère de la confidentialité.


3.1. Bitcoin : la naissance d’une monnaie numérique décentralisée

Lorsque l’on évoque les cryptomonnaies, la première qui nous vient à l’esprit est souvent Bitcoin. C’est elle qui a véritablement posé les bases de la révolution crypto en 2009, lorsque la technologie de la blockchain a été dévoilée pour la première fois. Mais pourquoi Bitcoin reste-t-il si important et si populaire aujourd’hui ?

Origines et principes fondamentaux

Bitcoin est né du constat que le système financier traditionnel, basé sur des institutions bancaires centrales, pouvait présenter d’importantes limites : frais élevés, délais de transaction parfois longs, et surtout une dépendance envers les intermédiaires financiers. Le concept introduit par Satoshi Nakamoto (le pseudonyme du créateur de Bitcoin) repose sur une idée radicale : permettre à deux personnes d’échanger de la valeur directement, sans passer par un tiers de confiance.

Concrètement, cette monnaie numérique utilise un registre public, la blockchain, sur lequel sont enregistrées toutes les transactions. Ce registre est réparti sur un grand nombre d’ordinateurs (nœuds) à travers le monde, ce qui rend les tentatives de fraude ou de falsification très compliquées. Résultat : Bitcoin crée un système où chacun peut devenir son propre banquier, en gérant soi-même ses clés privées et son portefeuille numérique. Contrairement à certains préjugés, l’anonymat qu’offre Bitcoin n’est pas aussi « absolu » qu’on le prétend : la blockchain étant publique, les transactions de grande ampleur sont relativement traçables, et il est en réalité plus complexe de blanchir d’importants montants en bitcoins que de le faire en argent liquide.

Cas d’utilisation concrets

  • Transferts de valeur : Avant tout, Bitcoin est utilisé comme une forme de monnaie numérique décentralisée. Envoyer des bitcoins à un ami à l’étranger peut s’avérer plus rapide et moins coûteux qu’un virement bancaire traditionnel.
  • Réserve de valeur : Certains considèrent Bitcoin comme l’« or numérique », c’est-à-dire un actif dans lequel on peut conserver de la valeur à long terme, notamment grâce à son offre limitée (21 millions de bitcoins maximum).
  • Outil de liberté financière : Dans certains pays soumis à des restrictions de capitaux ou à des politiques monétaires instables, Bitcoin offre une porte de sortie permettant aux individus de sauvegarder ou transférer leur patrimoine. Pour les transactions plus modestes et un meilleur respect de la confidentialité, il est possible d’utiliser le Lightning Network, un protocole de « deuxième couche » qui facilite des paiements rapides et peu onéreux, tout en rendant plus difficile le traçage des petits montants.

Bien entendu, le succès de Bitcoin ne l’a pas épargné de quelques controverses : on reproche notamment à la preuve de travail (Proof of Work) d’être très énergivore. Cependant, il est important de souligner que certaines études et exemples concrets montrent que l’extraction de bitcoins peut utiliser de l’énergie renouvelable ou gaspillée (comme des surplus hydroélectriques ou gaziers non valorisables) et, dans certains cas, contribuer à rentabiliser de nouvelles installations électriques. Comparé à d’autres industries comme le cloud computing, le streaming vidéo ou même le système bancaire traditionnel, l’impact énergétique de Bitcoin peut être relativisé. Malgré tout, il est essentiel de peser les bénéfices et les inconvénients de cette consommation énergétique, en gardant à l’esprit le rôle central que joue Bitcoin dans l’univers crypto. On lui reproche aussi d’être lié à des utilisations illicites, mais dans les faits, la monnaie fiduciaire reste encore plus largement utilisée pour des activités illégales, et la transparence relative de la blockchain peut même aider à identifier les auteurs de grosses malversations.


3.2. Ethereum : au-delà de la simple monnaie, l’ère des contrats intelligents

Si Bitcoin a posé la première pierre, Ethereum a ouvert la porte à une nouvelle dimension : celle des contrats intelligents et des applications décentralisées (dApps). Lancé en 2015 par Vitalik Buterin et d’autres cofondateurs, Ethereum a radicalement élargi le champ des possibles en permettant aux développeurs de concevoir des programmes qui s’exécutent automatiquement sur la blockchain.

Comprendre le concept de contrats intelligents

Les smart contracts fonctionnent un peu comme des contrats classiques, sauf qu’ils sont entièrement codés et s’exécutent de manière autonome dès que certaines conditions sont remplies. Imaginez, par exemple, vouloir organiser un petit jeu concours : au lieu de payer une tierce partie pour vérifier qui est le gagnant et gérer la récompense, vous pouvez écrire un contrat intelligent qui alloue automatiquement le prix au vainqueur. Tout se déroule de manière transparente et vérifiable, sans jamais dépendre d’une autorité centrale.

Les applications décentralisées (dApps)

Grâce à cette fonctionnalité, Ethereum ne se limite pas à être une simple monnaie numérique (l’ether), il devient une plateforme sur laquelle n’importe quel développeur peut bâtir des projets. C’est cette flexibilité qui a donné naissance à un écosystème riche : jeux, réseaux sociaux décentralisés, marketplaces d’objets numériques, solutions de finance décentralisée (DeFi), etc.

  • Finance décentralisée (DeFi) : De nombreux protocoles, comme Aave ou Compound, permettent aujourd’hui d’emprunter, de prêter ou de faire fructifier des actifs sans passer par une banque. Un particulier peut ainsi mettre ses éthers en garantie pour obtenir un prêt, ou prêter ses fonds et gagner des intérêts, le tout en restant maître de ses clés.
  • NFT (Non-Fungible Tokens) : Popularisés par les œuvres d’art numériques ou les collections virtuelles (par exemple, CryptoPunks), les NFT offrent la possibilité de créer des biens uniques et vérifiables sur la blockchain.

Ethereum a cependant ses propres défis, à commencer par la scalabilité. Les transactions peuvent être lentes et coûteuses en période de forte affluence, bien que des solutions soient en cours de développement (telles que la migration vers la preuve d’enjeu, Proof of Stake, et des mécanismes de layer 2 comme Optimism ou Arbitrum). Par ailleurs, certains estiment qu’Ethereum, avec le passage à la preuve d’enjeu, a perdu en décentralisation. Le fait qu’une poignée d’acteurs puissants puisse influencer la direction du réseau (et même annuler ou modifier des transactions sous certaines conditions) remet en question sa résistance à la censure, au regard de l’idéal initial porté par la technologie blockchain.


3.3. Les cryptomonnaies axées sur la vie privée : Monero et ZCash

Pour beaucoup d’utilisateurs, la question de la vie privée est au cœur du débat entourant les cryptomonnaies. Bien que Bitcoin et Ethereum offrent un certain degré de pseudonymat, toutes les transactions sont tout de même visibles sur un registre public. C’est ici qu’interviennent des projets tels que Monero et ZCash, conçus pour placer la confidentialité au premier plan.

Monero : l’anonymat par défaut

Monero (XMR) est souvent cité comme l’une des cryptomonnaies les plus abouties en termes de vie privée. Grâce à des technologies comme les Ring Signatures, les Ring Confidential Transactions (RingCT) et les Stealth Addresses, Monero rend quasiment impossible de retracer l’origine et la destination exactes des fonds. Autrement dit, contrairement à Bitcoin où on peut consulter le solde de chaque adresse et retracer ses transactions, sur Monero, tout est chiffré et les montants sont masqués par défaut.

  • Usage concret : Monero sert principalement aux transactions nécessitant une discrétion totale, que ce soit pour des raisons légitimes (protection de sa vie privée face à des tiers malveillants) ou pour contourner des systèmes de surveillance. Comme toute technologie de confidentialité, elle peut certes être détournée à de mauvaises fins, mais l’enjeu ici est surtout de garantir à chacun la possibilité de protéger ses échanges financiers. En revanche, son opacité totale peut parfois rendre plus difficile l’audit ou la vérification de l’offre réelle de XMR. Certains y voient un risque de non-solvabilité au niveau des plateformes d’échange, ou la possibilité de manipuler artificiellement le prix. Pour cette raison, beaucoup d’utilisateurs préfèrent revenir sur Bitcoin pour conserver leurs actifs à long terme.

ZCash : la confidentialité sélective

ZCash (ZEC) propose un autre mécanisme de confidentialité, basé sur les zk-SNARKs (Zero-Knowledge Succinct Non-Interactive Argument of Knowledge). Dit plus simplement, c’est un protocole cryptographique qui permet de prouver qu’une transaction est valide sans révéler d’informations sur les montants ni sur les adresses d’envoi ou de réception.

La particularité de ZCash, c’est qu’il offre un modèle « hybride » : les transactions peuvent être soit transparentes (comme sur Bitcoin), soit totalement anonymes (via le protocole zk-SNARKs). Ainsi, les utilisateurs ont la possibilité de choisir le niveau de confidentialité qu’ils souhaitent appliquer à chaque transaction. Cela dit, son écosystème est considéré par certains comme moins actif ou moins développé que celui de Monero, ce qui limite parfois son adoption.

L’importance de ces alternatives

Dans un monde où la surveillance numérique et les analyses de chaînes de blocs (blockchain analytics) sont en constante évolution, Monero et ZCash offrent un refuge pour ceux qui considèrent la vie privée financière comme un droit fondamental. Leur existence soulève toutefois des questionnements éthiques et réglementaires, puisque la frontière entre la protection de la vie privée et l’utilisation criminelle peut parfois être délicate à tracer. Quoi qu’il en soit, elles démontrent que la technologie peut être mise au service de la confidentialité, élargissant encore le champ des usages possibles pour les cryptomonnaies.


3.4. Conclusion : choisir la cryptomonnaie qui vous correspond

Comme vous pouvez le constater, chaque cryptomonnaie possède ses propres fonctionnalités et son propre écosystème. Bitcoin reste la référence pour les transferts de valeur et la réserve de valeur, Ethereum brille par sa capacité à héberger toutes sortes d’applications décentralisées, et des projets axés sur la vie privée tels que Monero ou ZCash soulignent l’importance grandissante de la confidentialité dans notre monde toujours plus connecté.

Lorsque vous entreprenez vos premiers pas dans l’univers crypto, il est essentiel de prendre en compte vos propres besoins, vos valeurs et le niveau de risque que vous êtes prêt à assumer. Si vous recherchez une adoption plus large et la stabilité, Bitcoin pourra constituer une option solide. Si l’innovation, les applications financières décentralisées et les contrats intelligents vous intriguent, Ethereum sera sans doute plus adapté. Enfin, si vous mettez la préservation de la vie privée au premier plan, vous aurez tout intérêt à explorer des cryptomonnaies comme Monero ou ZCash, en étant conscient des défis techniques et réglementaires qu’elles impliquent.

Au-delà de ces considérations, certains passionnés considèrent que la question la plus pertinente demeure : « Quand et comment utiliser Bitcoin ? » Les projets alternatifs peuvent jouer un rôle complémentaire, mais Bitcoin reste le socle incontournable pour ceux qui souhaitent une réserve de valeur durable tout en profitant des avantages de la finance décentralisée (Lightning Network, solutions hors chaîne, etc.). Dans tous les cas, veillez à vous informer en continu et à bien comprendre les tenants et aboutissants de chaque technologie avant de vous lancer. Le monde des cryptomonnaies évolue rapidement, et plus vous approfondissez vos connaissances, plus vous serez à même de choisir le protocole qui correspond le mieux à vos aspirations et à vos principes.

Merci à ELUC.ch pour sa contribution à cet article.


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