Le Code Silence

On n’interdit pas les voitures parce que des criminels s’en servent. Alors pourquoi affaiblir le chiffrement et l’anonymat sous prétexte qu’ils les utilisent ? Ne soyons pas les dommages collatéraux.

Chapitre 1 : Le Chauffard Invisible

La nuit tombait sur Paris, enveloppant la ville d’un manteau humide. Dans une ruelle sombre du 11ᵉ arrondissement, un homme aux traits durs observait sa montre. Il attendait une livraison.

Personne ne savait vraiment qui était Antoine Masson, mais on connaissait son réseau. Contrebande d’armes, trafic de données, blanchiment… Il opérait en toute discrétion, se déplaçant sans laisser de trace.

C’était son secret : il changeait de voiture constamment, des modèles banals, volés, maquillés, échangés. Impossible à suivre, impossible à attraper.

Les enquêteurs enrageaient.

« Si seulement on interdisait les voitures, il ne pourrait plus fuir », maugréait le capitaine Bertrand, responsable de l’enquête.

Son adjoint, Damien Leroux, haussa un sourcil.

« Vous plaisantez, j’espère ? Interdire les voitures ? Vous voulez aussi interdire les rues ? »

« Je dis juste que tant qu’il pourra rouler librement, il restera insaisissable. Il nous faudrait un moyen de suivre chaque véhicule en temps réel. »

Damien sentit un frisson lui parcourir l’échine. Suivre chaque véhicule en temps réel… Il connaissait les implications. Une surveillance de masse pour arrêter un seul criminel.

Et il savait où cela pouvait mener.


Chapitre 2 : Le Piège Invisible

À quelques kilomètres de là, Élodie Marchal s’arrêta au feu rouge, son cœur battant à tout rompre. Elle devait fuir.

Depuis plusieurs mois, elle transmettait discrètement des informations sur des abus de corruption. Elle avait rassemblé des preuves compromettantes contre un ministre puissant, des documents qu’elle devait remettre à un journaliste d’investigation.

Elle avait pris toutes ses précautions. Elle changeait de téléphone, de cartes SIM. Elle utilisait un service de messagerie chiffré.

Mais ce soir, quelque chose clochait.

Elle avait repéré une voiture noire dans son rétroviseur. Toujours là. Trop près. Trop longtemps.

Soudain, un flash radio sur le tableau de bord.

Alerte préfectorale : Toute circulation restreinte. Identification automatique des véhicules en cours.

Le gouvernement venait de lancer un dispositif de contrôle en temps réel, soi-disant pour la sécurité. Toutes les voitures enregistrées étaient suivies. Les forces de l’ordre pouvaient voir où allait chaque citoyen.

Élodie blêmit.

Sa voiture était fichée.

Et si elle était surveillée ?

Elle jeta un œil dans son rétroviseur. L’homme dans la voiture noire souriait.


Chapitre 3 : Traque et Surveillance

Damien Leroux observa la scène depuis son écran. Le nouveau système de traçage des véhicules venait d’être activé. Un bond technologique !

Désormais, chaque voiture pouvait être repérée, identifiée, stoppée.

« Avec ça, on pourra attraper Masson en un clin d’œil », s’enthousiasma le capitaine Bertrand.

Mais Damien voyait autre chose.

Dans les données, une alerte rouge attira son attention. Élodie Marchal.

Pourquoi son véhicule était-il suivi ?

Il fit quelques recherches. Pas de casier. Rien d’inhabituel. Mais un signalement… fait par un cabinet ministériel.

Il comprit immédiatement. Ce système de surveillance, censé attraper un criminel, était déjà détourné pour traquer une journaliste.


Chapitre 4 : L’Évasion

Dans sa voiture, Élodie sentait l’angoisse monter. Elle devait disparaître.

Elle pila à une intersection, coupa son téléphone, et se glissa dans une ruelle déserte. Son véhicule était fiché, mais elle savait encore une chose : tant qu’elle n’était pas en voiture, elle n’était qu’un fantôme.

Elle ouvrit la portière, courut dans une bouche de métro et se fondit dans la foule.

Quelques minutes plus tard, la voiture noire arriva sur place. Trop tard.


Chapitre 5 : Entre Liberté et Sécurité

Damien savait qu’il devait agir.

Cette nuit-là, il récupéra toutes les preuves : le traçage injustifié, les abus du système, les dérives inévitables. Il les fit fuiter.

Le lendemain, un article paru dans Le Monde.

« Surveillance Totale : Quand la traque des criminels devient une arme politique. »

L’opinion publique s’enflamma. Le gouvernement fut contraint de désactiver le système de traçage.

Masson, lui, fut arrêté autrement. Pas grâce au traçage de masse, mais grâce à un travail de terrain, une infiltration ciblée, une vraie enquête.

Car arrêter un criminel ne justifie pas de ficher un pays entier.


Épilogue : La Liberté n’a pas de prix

Dans un café, Élodie ouvrit son téléphone. Un message chiffré apparut.

« Article publié. Reste prudente. »

Elle soupira de soulagement.

Si le gouvernement avait brisé le chiffrement comme il voulait briser l’anonymat sur la route, ce message n’aurait jamais pu lui parvenir.

Le combat entre sécurité et liberté était loin d’être terminé.

Mais ce soir, elle pouvait encore respirer.

🚨 Ne Soyons Pas les Dommages Collatéraux

Si un criminel utilise une voiture pour fuir, personne ne propose d’interdire les voitures pour autant. On sait que cela pénaliserait des millions de citoyens innocents qui en ont besoin pour travailler, voyager, vivre.

Alors pourquoi accepterions-nous d’interdire ou d’affaiblir le chiffrement et l’anonymat sous prétexte que certains criminels s’en servent ?

Le chiffrement protège les journalistes, les lanceurs d’alerte, les militants, et chaque citoyen qui tient à sa vie privée. Il garantit que nos conversations restent confidentielles, que nos données bancaires et médicales ne tombent pas entre de mauvaises mains.

L’anonymat, lui, permet à des victimes d’oppression de parler sans crainte, à des citoyens de s’informer librement dans des pays autoritaires, et même à chacun d’entre nous de naviguer sur Internet sans être constamment tracé et exploité.

Si nous acceptons d’affaiblir ces protections au nom de la lutte contre le crime, nous ne punirons pas seulement les criminels. Nous nous punirons nous-mêmes.

Ne soyons pas les dommages collatéraux d’une surveillance aveugle.


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