Lorsque j’ai pris la décision de m’émanciper autant que possible des géants du numérique – ces fameux GAFAM et autres Big Tech – j’ai immédiatement réalisé que l’une des étapes cruciales de cette « libération » passait par la question du stockage en ligne. Après tout, nos photos, nos documents et toutes nos précieuses données personnelles ont souvent tendance à s’éparpiller dans le cloud, entre Google Drive, OneDrive ou iCloud. Pas évident de naviguer sereinement dans cet univers où la confidentialité n’est pas forcément la priorité numéro un.
Dans cet article, je souhaite partager avec vous les différentes options que j’ai moi-même explorées pour reprendre le contrôle de mes données, dans un esprit de protection de la vie privée. Nous verrons des solutions « clés en main » – qui offrent un certain niveau de chiffrement et de respect de la confidentialité – ainsi que des alternatives auto-hébergées, pour celles et ceux qui souhaitent garder la main sur leur infrastructure de A à Z.
Sync.com
Commençons par Sync.com, un acteur qui revient souvent dans les discussions autour du stockage en ligne zéro connaissance. Concrètement, Sync.com promet que toutes vos données sont chiffrées de bout en bout (E2EE), de sorte que ni leurs équipes ni quiconque d’autre ne puissent y accéder. Ils fournissent une interface relativement simple, avec un système de synchronisation automatique entre vos différents appareils.
- Points forts :
- Chiffrement de bout en bout (vous gardez le contrôle de vos clés).
- Localisation des serveurs au Canada, où la législation est généralement plus respectueuse de la vie privée que chez l’oncle Sam.
- Interface accessible : l’utilisation est assez intuitive pour n’importe qui venant de Google Drive ou Dropbox.
- Points faibles :
- Moins flexible pour des usages plus avancés. Par exemple, la personnalisation de l’interface ou l’ajout d’applications tierces n’est pas aussi aisé que dans des solutions auto-hébergées.
- Fonctionnalités de collaboration un peu plus limitées que certains services « business » ou open source.
Pour ma part, j’ai trouvé qu’il s’agissait d’une solution très « plug and play » : on installe l’appli, on crée un dossier local synchronisé, et c’est parti. Pour quelqu’un qui veut éviter les Google Drive et consorts sans trop se prendre la tête, c’est une bonne porte d’entrée.
Infomaniak kDrive
Ensuite, je suis tombé sur Infomaniak kDrive, proposé par une entreprise suisse bien connue pour son engagement envers la confidentialité des données et son respect des règlementations européennes. Infomaniak est aussi populaire pour ses services d’hébergement et de webmail. kDrive est donc leur service cloud maison.
- Points forts :
- Entreprise suisse, réputée pour sa fiabilité et ses standards élevés en matière de protection des données.
- Tarifs compétitifs et un espace de stockage conséquent (surtout si vous optez pour un plan familial ou professionnel).
- Fonctionnalités collaboratives qui rappellent celles des grands du marché (partage de dossiers, édition en ligne de documents, etc.).
- Points faibles :
- Chiffrement côté serveur : contrairement à Sync.com, Infomaniak kDrive n’est pas entièrement zéro connaissance par défaut (même s’ils font de réels efforts de sécurisation).
- Écosystème parfois un peu cloisonné : pour tirer parti des meilleures fonctionnalités, il faut souvent se plonger dans l’environnement Infomaniak (agenda, mail, etc.). Ce n’est pas forcément un défaut, mais on peut préférer ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Pour qui utilise déjà Infomaniak pour son hébergement ou ses mails, kDrive est une option très intéressante. On reste dans un cadre suisse, réputé pour sa protection de la vie privée. Par contre, si vous êtes vraiment pointilleux sur l’aspect zéro connaissance, il vous faudra éventuellement compléter votre usage par un outil de chiffrement local (VeraCrypt, Cryptomator, etc.).
Crypt.ee
Crypt.ee est un service que j’ai découvert plus tard, et qui m’a séduit par sa philosophie : « Confidentialité et sécurité d’abord ». Hébergé en Estonie, Crypt.ee se distingue par un design soigné et une attention méticuleuse aux détails en matière de chiffrement et de respect de la vie privée.
- Points forts :
- Chiffrement de bout en bout par défaut.
- Interface minimaliste et élégante, axée sur la simplicité.
- Orientation vie privée très poussée, y compris dans leur politique de confidentialité.
- Points faibles :
- Capacités de collaboration plus réduites : on est davantage sur une solution personnelle de stockage et de prise de notes chiffrées.
- Offre en espace de stockage moins généreuse que d’autres services (il faut vérifier leurs formules payantes pour monter en volume).
Crypt.ee s’adresse clairement aux utilisateurs cherchant une solution minimaliste, sécurisée et esthétiquement plaisante pour stocker leurs données sensibles (photos, documents, notes…). C’est un peu le « coffre-fort » numérique, moins taillé pour un usage collaboratif à large échelle, mais très robuste si vous cherchez la tranquillité d’esprit.
Nextcloud (Auto-hébergé)
Enfin, j’aimerais aborder la solution que beaucoup d’entre vous connaissent sans doute déjà : Nextcloud. À l’origine, c’est un logiciel open source que vous pouvez installer sur votre propre serveur (chez vous, sur un VPS, ou même un Raspberry Pi).
Il s’agit d’une plateforme de collaboration très complète, permettant non seulement le stockage et la synchronisation de fichiers, mais aussi la gestion de calendriers, de contacts, de visioconférences, de documents en ligne, et j’en passe. Bref, c’est un petit écosystème à lui tout seul.
- Points forts :
- Contrôle total : vous gérez le serveur, donc vous décidez où et comment sont stockées vos données.
- Extensible : une multitude d’applications disponibles pour personnaliser l’interface, ajouter des fonctionnalités (collaboration en temps réel sur des documents, gestion de notes, to-do lists, etc.).
- Communauté très active : mises à jour régulières, forums d’entraide, documentation abondante.
- Points faibles :
- Configuration initiale parfois ardue si vous n’êtes pas familier avec l’administration système (configurer le chiffrement, mettre en place SSL, gérer la maintenance…).
- Responsabilité supplémentaire : en auto-hébergeant, vous prenez en charge la disponibilité du service, les sauvegardes, la sécurité du serveur, etc.
Pour ma part, Nextcloud est un peu devenu le centre névralgique de mon écosystème numérique. C’est un projet qui, comme souvent dans l’open source, vous demandera un petit investissement en temps. Mais la liberté et la flexibilité que vous en retirez en valent vraiment la peine si vous êtes prêt à y mettre les mains.
Quelques réflexions supplémentaires
On pourrait bien sûr citer d’autres solutions : Seafile, Tresorit, ou encore Proton Drive (proposé par l’équipe de ProtonMail). Dans tous les cas, je vous conseille fortement d’évaluer, pour chaque service, la politique de chiffrement, la localisation des serveurs, la compatibilité avec vos différents appareils et, évidemment, le budget que vous êtes prêt à y consacrer.
Personnellement, j’aime beaucoup séparer mes usages : pour mes données très sensibles (documents persos, scans, etc.), je privilégie un stockage chiffré de bout en bout (que ce soit via Sync.com, Crypt.ee ou en auto-hébergeant un Nextcloud sous une partition chiffrée). Pour tout le reste, l’essentiel est déjà de sortir du giron des Big Tech et de faire confiance à des acteurs plus transparents, ou mieux encore, de mettre les mains dans le cambouis et d’héberger soi-même.
Conclusion
Le choix du service de stockage cloud le plus respectueux de la vie privée dépend avant tout de vos besoins et de vos priorités :
- Envie de simplicité absolue ? Sync.com est un bon point de départ.
- Une alternative européenne tout-en-un ? Infomaniak kDrive coche de nombreuses cases.
- Besoin d’une solution minimaliste et ultra-sécurisée ? Crypt.ee est là pour ça.
- Envie de tout contrôler et de personnaliser à fond ? Nextcloud auto-hébergé vous attend.
Si je peux vous donner un dernier conseil, c’est d’expérimenter sans crainte. On se sent parfois dépassé à l’idée de changer ses habitudes, mais la satisfaction de ne plus dépendre des GAFAM et de protéger ses données vaut largement l’effort investi. À chaque étape de ce parcours, je me suis senti plus libre et plus responsable. C’est un chemin progressif, ponctué de petites victoires, et, qui sait, peut-être d’une grande révélation sur notre rapport au numérique.
J’espère que ce tour d’horizon vous aura éclairé. N’hésitez pas à me poser vos questions ou à partager vos retours d’expérience dans les commentaires. Comme toujours, le débat reste ouvert : chacun trouvera l’équilibre qui lui convient entre confort d’utilisation et contrôle absolu de ses données. Et ça, c’est aussi la beauté de l’aventure !
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