Il n’est pas rare que le monde de la technologie se retrouve mêlé à des débats d’idées, mais rares sont les cas où ces controverses finissent par peser sur la viabilité même d’un projet. Le cas de Brendan Eich et Mozilla en est un exemple frappant. Pour vous qui défendez la liberté d’expression et la protection de la vie privée, l’histoire de cet ingénieur – aujourd’hui à la tête de Brave – illustre à quel point les choix idéologiques peuvent se retourner contre ceux qui les imposent.
Brendan Eich : L’Engagement Personnel au Cœur de la Controverse
Brendan Eich est avant tout reconnu pour avoir créé JavaScript, un langage qui a révolutionné le web. Pourtant, son passage chez Mozilla a été marqué par une décision qui allait rapidement faire jaser : son soutien public au mariage traditionnel. Ce positionnement, exprimé par un don de 1 000 $ en faveur d’une cause qui ne faisait pas l’unanimité, a provoqué un tollé. En quelques jours, la controverse s’est transformée en un véritable procès de valeurs où l’opinion personnelle s’est immiscée dans la sphère professionnelle.
Pour beaucoup, y compris moi, il était inconcevable que les opinions privées – aussi tranchées soient-elles – viennent entraver la reconnaissance d’un talent indéniable. La liberté d’expression est un principe fondamental, et il ne devrait pas être cantonné aux seuls débats académiques. Brendan Eich a le droit de penser autrement, de soutenir le mariage traditionnel s’il le souhaite, et cela ne devait pas remettre en cause sa capacité à contribuer au développement d’un navigateur. Pourtant, l’incapacité de Mozilla à dissocier la vie privée de l’engagement personnel a conduit à une exclusion précipitée.
Mozilla : Quand le Militantisme Prend le Dessus sur la Technique
Il est légitime de se demander si une entreprise qui se veut ouverte et progressiste ne finit pas par s’enfermer dans une logique idéologique où toute divergence d’opinion devient inacceptable. Ce fut manifestement le cas chez Mozilla. Plutôt que de se concentrer sur l’innovation technique et la défense de la vie privée, l’organisation a choisi de se laisser guider par une ligne de pensée où certains engagements politiques prenaient le pas sur la compétence et l’expertise.
Le traitement réservé à Eich n’est pas seulement l’aboutissement d’un débat sur le mariage, mais le symptôme d’un malaise plus profond. Lorsque les convictions personnelles deviennent un critère de sélection pour occuper des postes clés, l’entreprise risque de s’auto-saboter. Mozilla, qui aurait pu être le fer de lance d’une véritable alternative respectueuse de la vie privée, semble s’être égaré en privilégiant un militantisme qui, ironiquement, s’oppose aux valeurs qu’elle prône.
La Chute de Firefox en Chiffres : Une Dérive Inéluctable
Si l’affaire Eich en est le reflet idéologique, la réalité du terrain se lit en chiffres. Autrefois, Firefox incarnait l’espoir d’un web libre et respectueux de la vie privée. À son apogée, le navigateur comptait près de 30 % de parts de marché sur desktop dans certains contextes. Or, selon les données de StatCounter, la tendance est aujourd’hui toute autre : Firefox ne représente plus qu’entre 3 et 5 % du marché mondial.
Cette chute spectaculaire, de l’ordre de 80 % de perte en part de marché sur une décennie, ne s’explique pas uniquement par la montée en puissance de Google Chrome ou l’attrait des navigateurs natifs comme Safari. Elle reflète également la perte de confiance des utilisateurs, déçus par une orientation qui semble avoir détourné Mozilla de sa mission première : défendre un web ouvert et respectueux de la vie privée.
Derrière ces chiffres se cache une réalité inéluctable : une entreprise qui se laisse enfermer dans une posture idéologique au détriment de l’excellence technique finit par aliéner une partie de sa communauté. Firefox, jadis symbole de liberté et d’innovation, apparaît aujourd’hui comme l’illustration même d’un échec de gouvernance.
Et ce n’est pas fini. Récemment, Mozilla a ajouté une clause troublante à ses conditions générales d’utilisation pour Firefox : « Lorsque vous téléchargez ou saisissez des informations via Firefox, vous nous accordez par la présente une licence non exclusive, libre de redevances et mondiale pour utiliser ces informations… »
Cette phrase, aussi vague qu’inquiétante, soulève des questions cruciales. Quelles informations Mozilla compte-t-elle exploiter ? S’agit-il uniquement des données nécessaires au fonctionnement du navigateur, ou cela inclut-il des éléments plus sensibles comme l’historique de navigation ou les mots de passe ? Pour une organisation qui se présentait comme un rempart contre la surveillance en ligne, cette opacité est un véritable camouflet.
Pire encore, Mozilla a discrètement supprimé de sa FAQ la question concernant l’utilisation des données privées, où elle affirmait autrefois ne jamais vendre ni exploiter ces informations. Ce retrait n’est pas un simple ajustement technique : il signale un changement de cap inquiétant. Là où Mozilla promettait transparence et respect des utilisateurs, elle semble aujourd’hui glisser vers des pratiques plus floues, voire commerciales, qui trahissent ses principes fondateurs. Pour moi, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Firefox, que je considérais autrefois comme une option fiable, a perdu toute crédibilité en matière de vie privée. C’est fini.
Brave : Une Alternative qui Frappe Fort
La bonne nouvelle, pour vous comme pour tous les défenseurs de la vie privée, c’est que Brendan Eich n’est pas resté les bras ballants. Après son éviction, il a fondé Brave en 2015, un navigateur pensé dès le départ pour offrir une protection renforcée contre le pistage et les publicités intrusives. Aujourd’hui, Brave séduit de plus en plus d’utilisateurs soucieux de ne pas sacrifier leur intimité sur l’autel du consensus idéologique.
Brave ne se contente pas de bloquer les publicités : il propose également un système d’économie interne basé sur le Basic Attention Token (BAT), permettant de récompenser directement les créateurs de contenu. Cette approche, qui combine respect de la vie privée et modèle économique alternatif, montre que l’on peut se passer des compromis imposés par un partenariat financier lourd, comme celui entre Mozilla et Google.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec plus de 50 millions d’utilisateurs actifs selon les derniers bilans, Brave démontre qu’une alternative fondée sur des valeurs authentiques trouve preneur. C’est, d’un certain point de vue, une juste revanche. Tandis que Mozilla s’enlise dans une gestion qui censure la divergence d’opinion et compromet la vie privée de ses utilisateurs, Brave incarne la possibilité de réussir en restant fidèle à ses principes, sans renoncer à l’innovation ni à la protection de l’intimité. Face à la dérive de Mozilla, Brave est devenu pour moi le dernier espoir – le seul navigateur qui respecte encore véritablement les utilisateurs.
Réflexions et Perspectives
La saga Brendan Eich/Mozilla est bien plus qu’un simple conflit d’opinions sur le mariage traditionnel. Elle révèle comment, dans le monde du numérique, les choix idéologiques peuvent se retourner contre ceux qui les imposent. Pour moi, il est essentiel de rappeler que défendre la liberté d’expression ne signifie pas cautionner toutes les opinions, mais plutôt accepter que la diversité des points de vue est une richesse indispensable à toute entreprise d’innovation.
Mozilla a fait le pari, certes discutable, de placer ses convictions au centre de sa stratégie, au détriment d’une gestion plus pragmatique et centrée sur l’utilisateur. Le résultat est là : une perte de parts de marché fulgurante pour Firefox, aggravée par des décisions récentes qui éloignent encore davantage l’organisation de sa mission initiale. Ce navigateur, jadis phare, se réduit aujourd’hui à une coquille vide, incapable de tenir ses promesses en matière de vie privée.
Quant à Brendan Eich, il a su transformer une crise en opportunité. En lançant Brave, il offre à ceux qui partagent ses valeurs une alternative crédible et efficace. Ce choix – loin d’être une simple vengeance – apparaît comme la conséquence logique d’un refus de se conformer à un système qui ne respecte ni la liberté de penser ni l’intimité des utilisateurs.
Si vous, comme moi, êtes attaché à l’idée que la liberté d’expression et le respect de la vie privée doivent primer sur toute forme de militantisme étouffant, l’évolution récente du paysage des navigateurs vous paraît peut-être inéluctable. Mozilla a choisi de suivre une voie qui, aujourd’hui, se révèle avoir compromis son avenir. Et si cette situation est pour certains une vengeance méritée, elle doit avant tout nous interpeller sur la nécessité de préserver l’indépendance intellectuelle et technique dans un environnement numérique de plus en plus uniforme.
Le Mot de la Fin
En conclusion, l’histoire de Brendan Eich et de Mozilla nous enseigne que, dans le monde de la technologie, l’idéologie mal placée peut coûter cher – et pas seulement en termes de parts de marché. Avec ses nouvelles conditions générales et la suppression de garanties sur l’utilisation des données privées, Mozilla a franchi une ligne rouge qui, pour moi, rend Firefox définitivement indigne de confiance. La montée en puissance de Brave et la chute de Firefox illustrent une réalité simple : les valeurs fondamentales telles que la liberté d’expression et la protection de la vie privée ne sauraient être sacrifiées, ni au nom du militantisme politique, ni au profit d’une dérive commerciale. Brave est désormais le dernier espoir pour ceux qui refusent de compromettre leurs principes. Peut-être est-ce là une leçon pour tous ceux qui, aujourd’hui, souhaitent bâtir un futur numérique respectueux de l’individualité et de la diversité des idées. Mozilla, bien fait pour vous. Payez le prix de votre hypocrisie.
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Bonjour,
merci pour votre article. Je trouve cependant que le raisonnement est fallacieux, quand aux parts de marché peut se penser autrement.
L’hégémonie de Chrome qui a imposé longtemps cette solution avec des accords commerciaux, tellement que cela met Google dans une position de monopole que de nombreux gouvernements veulent casser.
Firefox, également, a des options qui permettent de cacher le fait que nous sommes sur Firefox, et cela peut expliquer une baisse drastique des parts de marché. En effet , quand j’utilise mon navigateur, les sites enregistrent que je suis sous Chrome, alors que j’utilise le panda roux.
Il y a aussi un problème avec Brave, qui utilise le moteur de Chrome surotut quand on sait ce qui va arriver avec le manifest V3, et quand on sait tous les problèmes de confidentialité qui sont liés avec ce navigateur, je ne crois pas que la solution soit d’utiliser Brave et son moteur et ses revenus publicitaires:
Page wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Brave_(navigateur_web)
Lien vers une bd expliquant les problèmes de sécurité de Chrome et donc de Chromium: https://contrachrome.com/
Le manifest V3 et le bloqueur qui bloque des publicités, mais en laisse passer certaines qu’il choisit, niveau fonctionnalité et sécurité, ça se pose là.
Quand à la politique et la philosophie de Brave, ils ne sont pas très clairs dans leurs objectifs ni dans leurs actes:
https://www.macg.co/ailleurs/2020/06/la-navigateur-brave-epingle-pour-son-usage-des-liens-affilies-114503
https://www.phonandroid.com/brave-le-navigateur-pris-la-main-dans-le-sac-a-faire-de-laffiliation-vers-des-sites-de-cryptomonnaie.html
Je ne mets que 2 exemples, mais ils ont nombreux.
Je ne conseillerai pas Brave pour tout cela. Firefox, reste avec son moteur Gecko la meilleure option pour la sécurité, et si la politique de Mozilla n’est plus aussi claire, des forks existent comme Floorp.
Bonne journée
Bonjour,
Merci pour votre commentaire et les réflexions qu’il apporte. Je vais toutefois contredire votre analyse, car elle me semble contourner certains faits incontournables et surestimer des détails qui ne tiennent pas face à la réalité. Décomposons ça.
D’abord, l’hégémonie de Chrome. Oui, Google a poussé son navigateur avec des accords commerciaux agressifs, et son quasi-monopole fait trembler les régulateurs en 2025 – rien de neuf sous le soleil. Mais dire que ça suffit à expliquer la chute de Firefox, c’est fermer les yeux sur l’essentiel : Mozilla s’est sabré toute seule. L’éviction de Brendan Eich en 2014 n’est pas une anecdote. Quand une boîte largue son cofondateur et PDG parce qu’une foule hurle à l’idéologie, elle crache sur ses propres racines – la liberté, l’innovation – pour un conformisme mou. Les utilisateurs ont senti l’abandon, et Chrome n’a eu qu’à se baisser pour ramasser le pactole. Ce n’est pas juste une question de muscles commerciaux.
Sur Firefox qui “se déguise en Chrome” avec des options de masquage, c’est malin, mais ça ne pèse pas lourd. Les parts de marché – StatCounter, téléchargements, peu importe la source – montrent une dégringolade implacable : de 30 % dans les années 2000 à moins de 5 % aujourd’hui. Quelques bidouilleurs qui jouent les espions avec leur user agent ne masquent pas un vrai naufrage, fruit d’erreurs internes et d’une confiance perdue. Pas de quoi crier au complot statistique.
Venons-en à Brave, que vous étrillez sans nuance. Le Manifest V3, qui handicape les bloqueurs de pubs sur Chromium ? Un souci, OK. Mais attention : Chrome n’est pas Chromium. Chrome, c’est le produit fermé de Google ; Chromium, c’est la base open source. Brave, qui fork Chromium, peut – et va probablement – virer ce Manifest V3 pour garder ses promesses anti-pub. C’est l’avantage du libre : ils ne sont pas enchaînés aux lubies de Google. Vos critiques sur l’affiliation et le modèle publicitaire ? Pertinentes, mais ça n’efface pas un fait : Brave est largement plus sûr que Firefox. Bloqueur natif, anti-tracking agressif, HTTPS forcé – niveau confidentialité, il met une claque au panda roux. Firefox, avec Gecko, se vante d’indépendance, mais en 2025, il traîne des failles et une inertie qui le laissent à la traîne. Les forks comme Floorp ? Des bricolages sympathiques, pas des révolutions.
Sur la “philosophie”, vous déplorez un flou chez Brave et Mozilla. Moi, je dis que Mozilla s’est noyée dans son propre idéalisme bancal : virer Eich pour apaiser une tempête Twitter, c’était trahir sa mission originelle. Brave, avec ses imperfections, assume un pragmatisme qui parle aux utilisateurs lassés des sermons. Firefox n’a plus grand-chose à opposer : ni la sécurité, ni la vision, ni la dynamique. Gecko reste un argument technique, mais sans élan, ça ne fait pas un navigateur.
Bref, Chrome a écrasé le game, mais Mozilla s’est tiré une balle dans le pied – et pas qu’une. Brave, malgré ses défauts, surpasse Firefox là où ça compte : la sécurité et l’adaptabilité. Merci pour le débat, ça aiguise les idées ! Qu’en dites-vous ?
Bonne journée, Ak1.
Merci pour votre retour.
Je continue de penser que Brave n’est pas à recommander.
Niveau philosophie les campagnes de dons ne sont pas forcément très clean, les pages webs sont modifiées, injection de liens non souhaités, une sécurité pas si renforcée que cela, des robots d’indexation cachés et trouvés par les utilisateurs, des protections de sécurité dépréciées.
VOila la fin de l’article proposé: Mais oui, si vous êtes un grand fan de l’IA et de la cryptographie, et que vous êtes d’accord avec l’interface utilisateur, si vous êtes d’accord avec les tentatives passées de voler de l’argent sur des sites web et de collecter des dons à des gens qui ne le recevraient même pas nécessairement, en plus de vous mettre en place occasionnellement avec des erreurs de confidentialité… utilisez Brave.
Et je suis d’accord avec cela.
https://thelibre.news/no-really-dont-use-brave/
Bonne journée