Comment mettre en place une stratégie de sauvegarde solide pour protéger efficacement ses données

Et si vous perdiez toutes vos données du jour au lendemain ? Découvrez comment une stratégie de sauvegarde bien pensée peut vous protéger des pannes, erreurs et imprévus numériques.

Au fil de nos pérégrinations dans le monde de la vie privée et de la sécurité numérique, on en vient toujours à se poser cette question cruciale : comment préserver nos données au fil du temps ? Sur ce blog, j’essaie de vous expliquer l’importance de certains thèmes informatiques tels que choisir et de gérer ses mots de passe de façon rigoureuse. Cette fois, je vous propose de plonger dans l’univers des sauvegardes — ce geste parfois négligé, mais ô combien essentiel pour assurer la pérennité de nos photos, documents, contacts, et tous les précieux souvenirs numériques que l’on accumule au quotidien.

J’ai moi-même souvent ressenti un mélange de sérénité et de fierté lorsque je savais que mes données étaient à l’abri, prêtes à être restaurées en cas de pépin. À l’inverse, j’ai aussi connu des moments de grande solitude après un crash disque ou une erreur de manipulation fatale… parce que je n’avais pas pris le temps de mettre en place un système de sauvegarde robuste. Alors, pour vous éviter ces déconvenues, explorons ensemble les principes fondamentaux, les stratégies pratiques et les outils qui vous permettront de dormir sur vos deux oreilles.


1. Pourquoi sauvegarder est vital

1.1. Les menaces auxquelles nous sommes exposés

Qu’on ait un PC sous Windows, Linux ou macOS, un smartphone “dégooglisé” ou pas, un serveur, un NAS, nos appareils sont tous susceptibles de tomber en panne un jour ou l’autre. Disque dur qui claque, téléphone volé ou qui prend l’eau, mauvaise manipulation qui efface des données importantes… Sans oublier les cyberattaques (ransomware, virus, etc.) qui se multiplient. Dans chacun de ces scénarios, si vous n’avez pas de sauvegarde, la perte peut être irréversible.

1.2. La tranquillité d’esprit et l’émancipation numérique

Sauvegarder régulièrement vos données, c’est un peu comme prendre une assurance : on espère ne jamais en avoir besoin, mais le jour où tout va de travers, c’est un soulagement de l’avoir à portée de main. De plus, quand on cherche à s’émanciper des GAFAM et des acteurs de la Big Tech, avoir ses propres sauvegardes sécurisées et chiffrées constitue un pas de plus vers l’autonomie numérique. On ne dépend plus du bon vouloir d’un service tiers qui pourrait à tout moment changer ses conditions d’utilisation, faire faillite ou être ciblé par un piratage massif.


2. Analyser l’importance de ses données

Avant de mettre en place une quelconque stratégie de sauvegarde, il est primordial de réfléchir à l’importance de vos données. Toutes ne se valent pas, et certaines ne méritent même pas d’être sauvegardées. Voici une méthode simple pour analyser vos données :

2.1. Les trois niveaux d’importance des données

  • Données insignifiantes : Ce sont les fichiers temporaires, les téléchargements ou tout autre contenu qui n’a pas de valeur à long terme. Ces données peuvent être supprimées sans impact, et il n’est pas nécessaire de les sauvegarder.
  • Données importantes : Elles incluent des éléments utiles mais non cruciaux, comme des documents de travail en cours ou des films et séries téléchargés. Si elles sont perdues, ce n’est pas catastrophique, mais il est tout de même préférable de les sauvegarder régulièrement.
  • Données cruciales : Ici, on parle de vos photos personnelles, vos documents légaux, vos mots de passe, vos bases de données, etc. Ce sont les informations que vous ne pouvez absolument pas vous permettre de perdre. Ces données méritent une attention particulière et une sauvegarde redondante, conformément à la règle du 3-2-1.

2.2. Adapter sa stratégie selon l’importance

En catégorisant vos données, vous évitez de tout sauvegarder indistinctement, ce qui risquerait de saturer inutilement vos supports. Par exemple :

  • Ne sauvegardez pas les données insignifiantes.
  • Pour les données importantes, optez pour une sauvegarde locale ou sur un support économique, sans nécessairement investir dans des solutions complexes.
  • Pour les données cruciales, privilégiez une sauvegarde chiffrée, redondante et avec des copies hors site.

Ce tri initial vous fera gagner du temps, de l’espace de stockage et simplifiera grandement la gestion de vos sauvegardes au quotidien.


3. Les principes fondamentaux d’une bonne stratégie de sauvegarde

3.1. Le fameux “3-2-1”

L’une des règles d’or les plus connues en matière de sauvegarde est la règle du 3-2-1. Elle stipule de :

  1. Conserver au moins 3 copies de vos données (les données originales + 2 sauvegardes)
  2. Utiliser 2 types de supports de stockage différents (par exemple, un disque dur externe et un NAS, ou un disque dur et un service de stockage chiffré en ligne)
  3. Stocker au moins 1 copie hors site (chez un proche ou dans un coffre, ou sur un serveur distant)

Cette approche vise à se prémunir contre la plupart des risques : en cas de vol ou d’incendie chez vous, votre copie hors site reste intacte ; si un de vos disques durs lâche, vous en avez encore un autre.

3.2. La fréquence des sauvegardes et la rotation

Si vous faites des sauvegardes tous les 36 du mois, vous risquez de perdre beaucoup de données récentes. L’idéal est de mettre en place un système automatisé pour sauvegarder votre PC et/ou serveur au moins une fois par jour ou par semaine (selon l’importance et la fréquence de renouvellement de vos données). Pour les photos et documents cruciaux, un backup journalier n’est pas exagéré.

Vous pouvez aussi mettre en place une “rotation” de vos sauvegardes : alterner entre plusieurs disques ou emplacements pour éviter qu’une même mauvaise manipulation n’endommage toutes vos copies.

3.3. Le chiffrement des données

Lorsqu’on se préoccupe de sa vie privée, il est indispensable de chiffrer ses sauvegardes. Ainsi, même si un disque dur est égaré ou volé, personne ne pourra en extraire vos données sans la clé de déchiffrement. La plupart des outils de sauvegarde modernes permettent d’activer un chiffrement assez simplement (Borg, Restic, duplicity, Duplicati, etc.).

Pour prendre un exemple : si vous utilisez un service de stockage dans le cloud type Nextcloud ou un autre hébergeur, vous pouvez chiffrer localement vos données avant de les synchroniser. Des outils comme Cryptomator (pour les dossiers) ou VeraCrypt (pour les volumes chiffrés) sont très pratiques pour ça.


4. Les différents supports et outils de sauvegarde

4.1. Les solutions de stockage local

  • Disque dur externe : simple et relativement économique, c’est souvent la première étape. On branche le disque, on lance la copie (manuelle ou automatisée), et le tour est joué.
  • NAS (Network Attached Storage) : un NAS est un petit boîtier réseau contenant un ou plusieurs disques durs, accessible depuis tous vos appareils. Idéal pour ceux qui ont besoin de sauvegardes régulières et de gros volumes de stockage. On peut y installer des applications de synchronisation, des systèmes de versioning, etc.
  • Serveur auto-hébergé : si vous avez une machine chez vous (un mini-PC, un Raspberry Pi, ou même un vieux laptop), vous pouvez installer des logiciels comme Nextcloud, Syncthing ou Seafile pour synchroniser et stocker vos données. Attention cependant à bien mettre en place un chiffrement et des backups redondants (le serveur lui-même devra être sauvegardé ailleurs).

4.2. Les solutions de stockage distant

  • Cloud chiffré : il existe des fournisseurs qui proposent un hébergement sécurisé de vos données, avec chiffrement côté client. Vous stockez vos fichiers sur leurs serveurs, mais eux n’en connaissent pas le contenu (puisque la clé de déchiffrement reste chez vous).
  • Réseau pair à pair : certaines solutions de sauvegarde distribuées (par exemple, certaines déclinaisons de Syncthing ou Resilio) permettent de répliquer vos données entre plusieurs appareils chez des amis ou de la famille, ce qui constitue une forme de “hors site” décentralisée.

4.3. Les logiciels de sauvegarde et de synchronisation

  • Borg : un utilitaire en ligne de commande très apprécié, supporte le chiffrement et la déduplication (il ne sauvegarde que les blocs modifiés). Idéal pour sauvegarder sur un disque local ou à distance.
  • Restic : similaire à Borg, avec une configuration souvent plus simple et une compatibilité étendue (SFTP, OpenStack, AWS, etc.).
  • Duplicati / duplicity : des solutions open source multiplateformes, avec une interface web conviviale pour configurer facilement la sauvegarde chiffrée.
  • Syncthing : excellent outil de synchronisation décentralisée, plus orienté synchro en temps réel que sauvegarde versionnée. On peut néanmoins l’utiliser en complément pour répliquer des données entre plusieurs machines.
  • Nextcloud : très pratique si vous souhaitez une interface web et mobile pour accéder à vos fichiers partout. Permet aussi d’installer des applications de notes, calendriers, contacts, etc. (Note : il est préférable de chiffrer avant l’envoi ou d’activer l’option de chiffrement côté serveur.)

5. Sauvegarder ses appareils mobiles

Pour celles et ceux qui, comme moi, utilisent un téléphone dégooglisé (par exemple avec GrapheneOS ou un autre système basé sur AOSP), il existe plusieurs méthodes pour conserver vos précieuses données :

  • Sauvegardes automatiques chiffrées : GrapheneOS propose une intégration avec Seedvault, qui vous permet de sauvegarder vos applis et paramètres de manière chiffrée vers un stockage de votre choix (disque local, serveur Nextcloud, etc.).
  • Synchroniser vos photos : via Syncthing, Nextcloud, ou toute autre application de synchronisation, vous pouvez rapatrier automatiquement toutes les nouvelles photos sur votre NAS ou votre PC dès que vous êtes en Wi-Fi.
  • Export manuel régulier : si vous préférez garder le contrôle, vous pouvez manuellement copier vos fichiers, contacts, et SMS sur votre PC. Des applications comme “Simple Contacts” ou “Simple SMS Messenger” offrent parfois des options d’export intégrées.

6. Conclusion

Tout comme la gestion rigoureuse de ses mots de passe, la sauvegarde de ses données est un pilier fondamental de la sécurité et de la liberté numérique. En mettant en pratique la règle du 3-2-1, en chiffrant vos sauvegardes et en adoptant des outils fiables, vous vous protégez contre bon nombre de mésaventures. Plus encore, vous ancrez votre émancipation numérique en prenant en main la responsabilité de vos données.

Pour aller plus loin, vous pouvez envisager d’apprendre à maîtriser un logiciel de sauvegarde avancé (Borg, Restic, etc.), de vous intéresser aux solutions de synchronisation distribuées ou même de déployer un NAS avec RAID pour minimiser les pannes disques. L’important, c’est de progresser pas à pas, selon vos besoins et vos moyens. Chaque étape franchie vous rendra plus serein et plus autonome.

N’hésitez pas à partager vos astuces, vos configurations ou vos logiciels préférés en commentaires. Comme toujours, c’est dans l’échange et l’entraide que l’on perfectionne nos pratiques. Après tout, l’objectif ultime est de reprendre le contrôle de nos données et d’en assurer la pérennité sans dépendre aveuglément d’un géant de la Big Tech. Bonnes sauvegardes à tous !


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2 commentaires

  1. Super article très complet, qui m’a fait découvrir quelques outils que je n’ai pas encore eu l’occasion de tester 🙂

    Pour mes données perso j’opère une synchronisation via Grsync vers un disque dur externe (manuellement tous les mois). Couplé avec une synchro automatique vers mon Nextcloud perso pour les documents essentiels.

    Pour les copies de sauvegardes des sites web de mes clients en maintenance (je suis développeur web), en plus des sauvegardes incrémentielles réalisées plusieurs fois par jour par le serveur, je mets en place des sauvegardes régulières vers un Nextcloud Pro, qui est aussi synchronisé vers mon ordinateur Pro avec chiffrement du disque.

    Mon instance Nextcloud perso était avant chiffrée de base, mais ça posait quelques soucis, notamment avec l’application Collectives (j’ai échangé avec le dev, on a fini par découvrir que c’était bien ça le problème). Du coup j’ai retiré le chiffrement, et cet article me motive à réinstaller Cryptomator justement!

    • Merci pour le retour, super intéressant ! 🙂

      Je viens de préparer un article consacré à la sauvegarde de mon serveur avec un script pour automatiser le tout, y compris la rotation. Je pense que ça vous intéressera 😉

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